Le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) est un syndrome neurologique complexe qui mérite une attention particulière, car il est souvent mal comprise et difficile à diagnostiquer. En tant que professionnelle de santé et patiente ayant vécu cette expérience personnellement, j’ai souhaité rédiger cet article pour partager mes connaissances et mes expériences. Mon objectif est de fournir des informations utiles aux patients et aux professionnels de santé afin d’améliorer la gestion de cette douleur chronique invalidante. Le SDRC est un syndrome qui affecte non seulement le corps, mais aussi l’esprit, et il est essentiel de mieux comprendre ses mécanismes sous-jacents pour offrir des options de traitement efficaces.
Le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) est un syndrome complexe qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée pour éviter une détérioration de la qualité de vie. Il est important de souligner qu’un syndrome n’est pas une maladie. Alors qu’une maladie correspond à une pathologie ayant une cause spécifique et identifiable, un syndrome est un ensemble de symptômes qui se manifestent ensemble, souvent en raison de facteurs multiples. Le SDRC se caractérise par une douleur intense et prolongée, associée à des symptômes vasomoteurs, trophiques et moteurs, et nécessite un suivi spécifique pour en limiter l’impact.
Qui suis-je ?
Je m’appelle Corine Cliquet, et je suis infirmière de formation, avec un D.U d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP). Après avoir vécu deux fois le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC), je suis devenue patiente ressource, ce qui me permet aujourd’hui d’accompagner les personnes atteintes de douleurs chroniques, en utilisant mes connaissances et mon expérience.
Je suis également praticienne en hypnose et coach en gestion de la douleur chronique. En plus de ces compétences, j’ai présidé une association de soutien pour les patients atteints de SDRC. Mon expérience me permet de guider et d’aider ceux qui souffrent de cette pathologie souvent incomprise et complexe.
Cet article est une occasion pour moi de transmettre les informations et les connaissances que j’ai acquises au fil des années sur le Syndrome Douloureux Régional Complexe et de partager des ressources utiles pour mieux comprendre et gérer cette douleur.
Qu’est-ce que le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) ?
Le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) est une douleur neuropathique chronique qui survient après une lésion des tissus mous, une lésion osseuse ou une lésion nerveuse, et qui persiste bien au-delà de la durée de la lésion initiale. Cette douleur est souvent disproportionnée par rapport à la blessure initiale et peut entraîner une altération significative de la qualité de vie. Le SDRC se divise en deux types principaux, SDRC de type I et SDRC de type II, qui se distinguent par la présence ou l’absence de lésions nerveuses.
SDRC de type I : Dystrophie sympathique réflexe
Le SDRC de type I, anciennement appelé dystrophie sympathique réflexe, se manifeste après une lésion des tissus mous, mais sans lésion nerveuse identifiable. Il est souvent associé à des traumatismes, bien qu’il n’y ait pas de corrélation directe entre la gravité du traumatisme et l’apparition du syndrome.
Symptômes :
- Douleur intense et continue, souvent décrite comme brûlante ou sourde.
- Allodynie (douleur causée par des stimuli non douloureux) et hyperalgie (augmentation de la douleur).
- Troubles vasomoteurs, tels que des changements de couleur et de température de la peau.
- Œdème localisé et troubles trophiques, incluant atrophie cutanée et déminéralisation osseuse.
Évolution : Dans environ 90 % des cas, l’évolution du SDRC de type I est favorable et spontanément résolutive en 12 à 24 mois. Cependant, dans 5 à 10 % des cas, la douleur peut persister pendant plusieurs années.
SDRC de type II : Causalgie
Le SDRC de type II, également appelé causalgie, survient après une lésion nerveuse périphérique identifiable. Il est souvent le résultat de traumatismes plus graves, tels que des lésions nerveuses directes.
Symptômes : Les symptômes du SDRC de type II sont similaires à ceux du type I, mais sont spécifiquement liés à la lésion nerveuse.
- Douleur intense dans le territoire du nerf lésé.
- Manifestations de douleur, allodynie et hyperalgie dans la zone touchée par la lésion nerveuse.
Évolution : Bien que l’évolution puisse varier, le pronostic du SDRC de type II est généralement moins favorable en raison de la présence de lésions nerveuses, ce qui rend le traitement plus complexe.
Étiologie du Syndrome Douloureux Régional Complexe
Le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) se divise en deux types, et l’étiologie diffère légèrement entre les deux.
SDRC de type I (Dystrophie Sympathique Réflexe)
Le SDRC de type I survient habituellement après un traumatisme, souvent au niveau de la main ou du pied. Il est fréquemment lié à des blessures par écrasement, particulièrement du membre inférieur. Ce type de SDRC peut aussi se développer à la suite de :
- Une amputation ;
- Un infarctus du myocarde aigu ;
- Un accident vasculaire cérébral (AVC) ;
- Un cancer (par exemple : cancer du poumon, du sein, de l’ovaire, du système nerveux central).
Dans environ 10% des cas, aucun facteur déclencheur évident n’est observé. Le SDRC de type I survient souvent après l’immobilisation d’un membre pour traiter une blessure initiale.
SDRC de type II (Causalgie)
Le SDRC de type II est similaire au type I, mais il se distingue par la présence de lésions nerveuses périphériques identifiables. Ce type de SDRC se développe généralement après une lésion nerveuse directe et est associé à des symptômes nerveux plus ciblés.
Physiopathologie du Syndrome Douloureux Régional Complexe
La physiopathologie du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) reste mal connue, mais elle implique principalement la sensibilisation, tant périphérique que centrale, des nocicepteurs. La libération de neuropeptides tels que la substance P et le calcitonin gene-related peptide joue un rôle crucial dans le maintien de la douleur et de l’inflammation.
Le système nerveux sympathique est plus impliqué dans le SDRC que dans d’autres syndromes douloureux neuropathiques. L’activité sympathique centrale est augmentée, et les nocicepteurs périphériques sont sensibilisés à la noradrénaline (neurotransmetteur du système sympathique). Ces changements peuvent entraîner des anomalies sudorales et une diminution du débit sanguin due à une vasoconstriction.
Cependant, seuls certains patients répondent à une intervention au niveau du système sympathique, par exemple un blocage sympathique central ou périphérique.
Conclusion
Bien que les deux types de SDRC partagent des symptômes similaires, la principale différence réside dans la présence ou l’absence de lésions nerveuses. Le SDRC de type I est plus fréquent et a un meilleur pronostic, tandis que le SDRC de type II, associé à des lésions nerveuses, peut présenter une évolution plus complexe et moins favorable.
Symptômes du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC)
Les symptômes du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) varient d’un patient à l’autre, mais incluent généralement :
- Douleur : Une douleur intense, souvent décrite comme une sensation de brûlure, lancinante ou pulsatile, qui ne correspond pas à la gravité de la blessure initiale.
- Troubles vasomoteurs : La peau de la zone affectée peut devenir chaude, froide, rouge ou bleuie, avec des changements dans la température ou la couleur de la peau.
- Symptômes sudomoteurs : Transpiration excessive ou réduite dans la zone affectée, accompagnée d’œdème.
- Troubles trophiques : La peau peut devenir fine, brillante, avec des signes d’atrophie musculaire ou osseuse, des changements dans la texture des cheveux et des ongles.
Les symptômes du Syndrome Douloureux Régional Complexe varient et ne suivent pas de schéma spécifique; ils peuvent comprendre des troubles de la sensibilité, des manifestations végétatives focales (vasomotrices ou sudomotrices), et motrices. Les symptômes sont généralement unilatéraux ; des symptômes bilatéraux au début suggèrent un diagnostic différent.
La douleur, habituellement à type de brûlure ou douleur sourde, est une caractéristique diagnostique essentielle. Elle ne suit pas la distribution d’un seul nerf périphérique ; elle est régionale, même lorsqu’elle est provoquée par une lésion d’un nerf spécifique, comme c’est le cas dans le Syndrome Douloureux Régional Complexe de type II. Elle peut s’aggraver sous l’effet de changements environnementaux ou d’un stress émotionnel.
Une allodynie (douleur provoquée par des stimuli non douloureux) et/ou une hyperalgie (augmentation de la douleur) sont habituellement observées, indiquant une sensibilisation centrale. La douleur entraîne souvent une impotence fonctionnelle du membre atteint.
Des troubles vasomoteurs cutanés (p. ex., couleur rouge, marbrée, ou cendrée ; une augmentation ou diminution de la température cutanée) et des anomalies sudomotrices (peau sèche ou moite) peuvent se manifester. Un œdème peut devenir très marqué et limité localement.
Parmi les autres symptômes, on peut citer des troubles trophiques (p. ex., peau brillante, atrophique ; fissuration ou croissance excessive des ongles ; atrophie osseuse ; alopécie) et des troubles moteurs (déficit, tremblements, spasmes, dystonie avec doigts en flexion et pied en varus équin). L’amplitude du mouvement est souvent limitée, conduisant parfois à des rétractions articulaires. Ces symptômes peuvent perturber l’adaptation d’une prothèse après une amputation.
La détresse psychologique (p. ex., dépression, anxiété, irritabilité) est fréquente, favorisée par une cause mal identifiée, un défaut de traitement efficace ou une évolution prolongée.
Diagnostic du syndrome douloureux régional complexe selon les critère de Budapest
Le diagnostic du syndrome douloureux régional complexe repose sur un bilan clinique approfondi et les critères de Budapest, qui permettent d’établir un diagnostic précis. Pour poser ce diagnostic, les éléments suivants doivent être présents :
- Douleur persistante, disproportionnée par rapport à la lésion initiale, qui ne correspond pas à la dysfonction d’un seul nerf.
- Des critères cliniques, en particulier les critères de Budapest, doivent être remplis.
Les critères de Budapest incluent quatre catégories. Pour que le syndrome douloureux régional complexe soit diagnostiqué, le patient doit signaler au moins un symptôme de trois des quatre catégories, et le médecin doit détecter au moins un signe de deux des quatre catégories suivantes :
- Sensibilité : hyperesthésie (à la piqûre) ou allodynie (au toucher léger, pression somatique profonde, ou mouvement articulaire).
- Vasomoteurs : asymétrie de température (> 1°C) ou de couleur de la peau.
- Sudomoteurs ou œdémateux : anomalie de la transpiration, transpiration excessive ou œdème.
- Moteurs ou trophiques : anomalies trophiques de la peau, des cheveux ou des ongles, diminution de l’amplitude des mouvements ou dysfonctionnement moteur (faiblesse, tremblements, dystonie).
En plus, il ne doit pas y avoir d’éléments en faveur d’un autre trouble qui pourrait expliquer la symptomatologie. Si un autre trouble est identifié, le syndrome douloureux régional complexe doit alors être considéré comme probable ou possible.
Des anomalies osseuses (par exemple, déminéralisation sur les radiographies ou hyperfixation à la scintigraphie osseuse en triple phase) peuvent également être observées, mais ne sont utilisées que lorsqu’il y a un doute sur le diagnostic. Toutefois, les anomalies osseuses peuvent aussi apparaître après un traumatisme, en l’absence de syndrome douloureux régional complexe, ce qui rend ces anomalies non spécifiques.
Le test d’atteinte sympathique consiste à administrer une perfusion intraveineuse de sérum physiologique (placebo) ou de phentolamine (1 mg/kg en 10 minutes) tout en enregistrant les scores de douleur. Une diminution de la douleur après administration de phentolamine, et non après placebo, est en faveur d’une douleur entretenue par la stimulation sympathique.
Un bloc nerveux sympathique (au niveau du ganglion stellaire ou lombaire) a également été utilisé pour le diagnostic (et est également utilisé pour le traitement). Cependant, les faux-positifs et faux-négatifs sont fréquents, car toutes les douleurs du syndrome douloureux régional complexe ne sont pas entretenues par le système sympathique, et le bloc nerveux peut également affecter des fibres non sympathiques.
Référence pour le diagnostic :
- Harden RN, Bruehl S, Stanton-Hicks M, Wilson PR: Proposed new diagnostic criteria for complex regional pain syndrome. Pain Med 8 (4): 326–331, 2007.
Les critères de Budapest

Traitement du SDRC
Le traitement du syndrome douloureux régional complexe (SDRC) repose sur une approche multidisciplinaire et doit être adapté en fonction de la sévérité des symptômes. Les traitements visent à réduire la douleur, améliorer la mobilité articulaire et restaurer la fonction du membre affecté. Voici un aperçu des différentes options thérapeutiques :
- Médicaments :
- Anti-inflammatoires : Utilisés pour réduire l’inflammation et soulager la douleur modérée.
- Antidépresseurs : Ce type de médicament peut être prescrit pour traiter la douleur neuropathique et pour améliorer l’état émotionnel des patients souffrant de douleurs chroniques.
- Anticonvulsivants : Ces médicaments, souvent utilisés dans le traitement de la douleur neuropathique, aident à réduire la sensibilisation centrale et à moduler les signaux de douleur.
- Kinésithérapie : La rééducation physique joue un rôle essentiel pour maintenir ou améliorer la mobilité articulaire et prévenir les rétractions. Des exercices adaptés permettent de maintenir la force musculaire et de réduire la raideur articulaire, contribuant ainsi à améliorer la fonction du membre affecté.
- Blocage sympathique : Des injections d’anesthésiques peuvent être administrées pour soulager la douleur en agissant sur le système nerveux sympathique. Ce traitement peut être effectué à différents niveaux, selon la localisation de la douleur, et vise à réduire l’intensité de la douleur par un effet anesthésiant temporaire.
- Stimulation électrique transcutanée (TENS) : La stimulation électrique transcutanée (TENS) est une méthode non invasive qui utilise des impulsions électriques pour stimuler les nerfs et atténuer la douleur, en modifiant la transmission des signaux douloureux.
- Aromathérapie et phytothérapie :
- Aromathérapie : Certaines huiles essentielles peuvent être utilisées pour aider à soulager la douleur et réduire le stress. Les propriétés anti-inflammatoires et relaxantes de certaines huiles peuvent apporter un soulagement symptomatique en application locale ou en diffusion. Toutefois, il est essentiel de les utiliser sous supervision et dans le respect des précautions.
- Phytothérapie : Des plantes médicinales peuvent être utilisées pour soutenir la gestion de la douleur et améliorer le bien-être général. Certaines plantes sont reconnues pour leurs propriétés anti-inflammatoires ou relaxantes, et peuvent être intégrées dans un traitement complémentaire. Là encore, il est important de consulter un professionnel de santé avant de les utiliser.
- Prise en charge psychologique : La gestion de la douleur chronique passe également par une prise en charge psychologique. Des approches telles que la thérapie cognitivo-comportementale ou la relaxation peuvent aider à mieux gérer le stress, l’anxiété et la dépression souvent associés à la douleur chronique.
- Autres traitements :
- Traitements locaux : L’utilisation de crèmes ou patchs contenant des principes actifs peut soulager la douleur localisée en agissant directement sur la zone affectée.
- Neurostimulation : Dans les cas réfractaires, la neurostimulation peut être envisagée pour moduler les signaux nerveux et réduire la douleur.
Le traitement du SDRC est plus efficace lorsqu’il est mis en place de manière précoce. Une prise en charge adaptée et personnalisée, impliquant des soins médicaux, physiques et psychologiques, est cruciale pour améliorer la qualité de vie des patients et éviter les complications à long terme.
Pronostic du SDRC
Le pronostic du syndrome douloureux régional complexe (SDRC) dépend largement de la rapidité du diagnostic et de l’initiation du traitement. Lorsqu’il est pris en charge précocement, de nombreux patients peuvent connaître une amélioration significative de leur état. Cependant, si le diagnostic est retardé ou si le traitement est inapproprié, la douleur peut devenir chronique et invalidante, avec un impact majeur sur la qualité de vie.
Le pronostic est variable et est difficilement prévisible. Le SDRC peut se calmer ou rester stable pendant plusieurs années. Chez certains patients, il peut s’aggraver, se propageant à d’autres régions corporelles.
Conclusion
Le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) est un syndrome complexe qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée pour éviter une détérioration de la qualité de vie. Il est important de souligner qu’un syndrome n’est pas une maladie. Alors qu’une maladie correspond à une pathologie ayant une cause spécifique et identifiable, un syndrome est un ensemble de symptômes qui se manifestent ensemble, souvent en raison de facteurs multiples. Le SDRC se caractérise par une douleur intense et prolongée, associée à des symptômes vasomoteurs, trophiques et moteurs, et nécessite un suivi spécifique pour en limiter l’impact.
En tant que patiente ressource, ayant vécu cette expérience moi-même, je suis déterminée à partager mes connaissances et à aider d’autres personnes à mieux comprendre et gérer cette douleur chronique.
Références
Harden RN, Bruehl S, Stanton-Hicks M, Wilson PR: Proposed new diagnostic criteria for complex regional pain syndrome. Pain Med 8 (4):326–331, 2007.
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