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Douleur invisible : Le SDRC chez les femmes

par | Mis à jour le 30/10/2025 | Publié le 17/07/2025 | SDRC/algodystrophie chez les femmes

Temps de lecture : 16 minutes

La douleur invisible, ces deux mots résonnent comme un cri silencieux dans l’obscurité, l’écho d’une souffrance abyssale et pourtant niée, qui consume la vie de milliers de femmes. Elles sont emprisonnées par le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC), une maladie neurologique chronique autrefois connue sous le nom d’algodystrophie, ou encore algoneurodystrophie. Le SDRC chez les femmes est une réalité trop souvent ignorée, d’une violence inouïe. Ce n’est pas seulement une douleur physique insoutenable qui ravage leurs corps, mais aussi une agonie morale, une solitude déchirante causée par l’incrédulité et le déni de leur entourage, du système médical et de la société tout entière. Le SDRC, souvent déclenché par un traumatisme mineur comme une entorse, une petite fracture, ou même une simple intervention chirurgicale, dérègle le système nerveux autonome, transformant une partie du corps en un brasier interne, un glaive de glace, ou une zone hypersensible au moindre effleurement. Pourtant, ces manifestations sont souvent imperceptibles aux yeux des autres, rendant leur calvaire d’autant plus insupportable et difficile à justifier. Pour ces femmes, la vie devient une lutte constante, une performance épuisante pour exister aux yeux d’un monde qui ne voit pas leurs cicatrices et refuse de croire leur agonie.

Les femmes atteintes de SDRC sont confrontées à une double peine : la torture physique de leur corps qui les trahit de manière incompréhensible, et la torture psychologique d’être constamment remises en question, traitées d’exagérées, d’hypocondriaques, voire de « folles ». Il est crucial de comprendre que le SDRC, ou algodystrophie, n’est pas une simple « mauvaise passe » ou une douleur « dans la tête » ; c’est une pathologie neurologique complexe, dont les mécanismes sont encore mal compris mais dont les effets sont dévastateurs sur tous les aspects de leur existence. La prévalence du SDRC est significativement plus élevée chez les femmes, avec des études montrant un ratio de 3 à 4 femmes pour 1 homme. Cette particularité, bien que statistique, expose ces femmes à des biais de genre profondément ancrés dans le système de santé. Historiquement, la douleur féminine a été minimisée, renvoyée à des explications psychosomatiques. Cette prédisposition aux jugements hâtifs exacerbe leur souffrance par des diagnostics souvent tardifs, des traitements inadaptés, et un sentiment d’abandon qui mine leur résilience. Pour les femmes touchées par le SDRC, chaque interaction avec le monde extérieur est un rappel de leur douleur invisible. Le terme algodystrophie, bien qu’ancien, reste ancré dans le langage courant pour décrire cette souffrance persistante.

Cet article ne se contente pas de décrire les symptômes physiologiques du SDRC, aussi effroyables soient-ils. Il plonge au cœur de la douleur invisible, explorant ses ramifications profondes sur la psyché, les relations sociales, la vie professionnelle, et l’autonomie de ces femmes. Nous donnerons une voix à celles qui crient en silence, celles dont la souffrance est niée parce qu’elle ne se voit pas sur une IRM ou dans une prise de sang standard. Nous aborderons le parcours du combattant pour obtenir un diagnostic correct du SDRC, les conséquences dévastatrices de cette errance médicale prolongée, l’impact profond sur leur identité et leur estime de soi, et la solitude abyssale qu’elles endurent au quotidien. Enfin, cet article mettra en lumière l’urgence d’une prise en charge globale et multidisciplinaire pour les femmes atteintes du SDRC, la nécessité cruciale d’une recherche scientifique plus poussée et plus attentive aux spécificités féminines de la douleur, et l’impératif de briser le mur de l’incompréhension et du déni qui les isole. Car la reconnaissance est le premier pas vers la guérison, non seulement du corps meurtri, mais aussi de l’âme fragilisée par cette douleur invisible. Le SDRC chez les femmes exige une attention particulière. Il est grand temps de les voir, de les croire, et de les soutenir activement dans leur combat quotidien pour retrouver une vie digne, loin des ombres du doute et du rejet. L’algodystrophie n’est pas une fatalité sans espoir.


1. Le Calvaire Physique de la Douleur Invisible chez les Femmes Atteintes de SDRC

douleur chez la femme atteinte de SDRC
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Le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC), également appelé algodystrophie, transforme le corps en une prison vivante, un brasier intérieur dont les flammes ne sont perçues que par la personne qui en est la victime. La douleur invisible n’est pas une simple caractéristique du SDRC ; c’est sa nature même, le fondement de son horreur. Ce n’est pas une douleur moins intense parce qu’elle ne se voit pas ; elle est souvent plus insupportable, car elle est constamment remise en question, minimisée et dénigrée. Les mécanismes physiopathologiques exacts du SDRC restent complexes et multifactoriels, impliquant une combinaison de dysfonctions du système nerveux périphérique (inflammation neurogène, dérégulation vasculaire, neuropathie) et du système nerveux central (réorganisation corticale anormale, sensibilisation centrale), ainsi que des facteurs génétiques et psychologiques prédisposants. Cette complexité intrinsèque contribue à l’invisibilité du SDRC et à la difficulté de son diagnostic et de sa prise en charge, affectant particulièrement les femmes. Le SDRC chez les femmes est un sujet central de cet article, soulignant leurs souffrances physiques spécifiques.

1.1. Le supplice du toucher : l’allodynie et les hypersensibilités chez les femmes atteintes de SDRC

Imaginez l’horreur absolue : le simple souffle d’une brise légère sur la peau, le frottement d’un vêtement de soie, le contact délicat d’un drap sur votre jambe, ou même la caresse la plus tendre et innocente d’un enfant ou d’un être cher, se transforme instantanément en une sensation de brûlure intense, un choc électrique fulgurant, ou la sensation d’un fer rouge posé sur la chair. C’est l’allodynie, un des symptômes les plus cruels et invalidants du SDRC. Pour une femme atteinte de SDRC, cette hypersensibilité dramatique transforme le monde extérieur en une source constante de menace et d’agression. Se vêtir devient une épreuve insupportable, chaque bouton, chaque couture un potentiel déclencheur de douleur. Dormir un calvaire où le poids léger de la couette devient une torture. Comment embrasser son enfant ou son partenaire quand le moindre contact vous fait hurler de l’intérieur, malgré un visage impassible ? Comment maintenir une intimité physique et émotionnelle quand le simple fait d’être touchée vous déchire ? Ces femmes reculent, se protègent instinctivement, évitent les contacts physiques, et cette privation forcée, cette distance qu’elles sont contraintes d’imposer, les ronge de culpabilité : celle de ne pas pouvoir donner, de ne pas pouvoir recevoir l’amour et l’affection dont elles ont tant besoin pour survivre à cette épreuve du SDRC. Leur propre corps, qui devrait être leur sanctuaire et leur allié, est devenu un ennemi imprévisible et cruel, un ennemi que personne d’autre ne perçoit. Elles sont tragiquement isolées dans cette horreur, coupées de l’essence même du contact humain. Cette douleur n’est pas une invention ou une exagération, c’est une dérégulation neurologique avérée où les fibres nerveuses C, normalement responsables de la transmission des sensations non douloureuses comme le toucher léger, se mettent à transmettre des signaux de douleur extrêmes et disproportionnés. L’algodystrophie se manifeste souvent par cette allodynie intense, un fardeau physique lourd pour les femmes.

1.2. Un corps déréglé et les dysfonctions vasomotrices pour les femmes avec le SDRC

Le SDRC est un désastre neurologique qui dérègle profondément le système nerveux autonome, celui qui régule de manière involontaire la température corporelle, la circulation sanguine, la transpiration, la croissance des poils et des ongles. Le membre touché peut devenir brûlant comme l’enfer ou glacial comme la mort, alterner entre ces extrêmes, changer de couleur de façon alarmante (passant du rouge écarlate au bleu violacé, ou devenant marbré et pâle), ou transpirer de manière anormale, excessivement ou pas du tout. Pour Laurine, une jeune femme de 25 ans atteinte de SDRC suite à une fracture du poignet, son pied alterne entre des phases « chaudes » où il est rouge vif et brûlant au toucher, et des phases « froides » où il devient bleu-violet et glacial. Pourtant, même si elle voit ces manifestations sur sa propre peau, si elle sent ce froid mortel ou cette chaleur infernale, l’entourage et même le corps médical ne voient souvent rien de « grave », de « pathologique » ou de « visible » dans les premiers temps. Ces dysfonctions vasomotrices et sudomotrices sont des preuves tangibles d’une maladie neurologique sous-jacente, et pourtant, parce qu’elles ne sont pas toujours permanentes ou spectaculaires, ou qu’elles sont interprétées à tort, elles sont souvent ignorées ou minimisées, contribuant à l’invisibilité du SDRC. L’algodystrophie présente ces mêmes dysfonctionnements physiques qui rendent le corps étranger et imprévisible pour les femmes.

1.3. Le feu caché et l’inflammation constante : la douleur neuropathique du SDRC chez les femmes

Le SDRC est caractérisé par une inflammation constante et une douleur neuropathique intense, une sensation de brûlure profonde, incessante, lancinante, qui ne se voit pas. C’est un feu intérieur qui consume la chair sans que la peau ne rougisse toujours de manière évidente, ou sans que des signes inflammatoires classiques ne soient détectés par les analyses. Comment prouver qu’on brûle vif quand aucune flamme n’est visible sur votre corps, quand il n’y a pas de marqueurs clairs dans les analyses de sang ou les radios ? La douleur neuropathique est souvent décrite de manière très spécifique : picotements, décharges électriques, broiements intérieurs, sensations de déchirure interne, piqûres d’aiguilles – des sensations difficiles à verbaliser pour des personnes non formées, et encore plus difficiles à « prouver » à un monde qui se base sur le visible. Ce « feu caché » est une source de souffrance physique extrême pour les femmes avec le SDRC. L’algodystrophie est tristement célèbre pour ces sensations de brûlure et de douleur insoutenable.

1.4. Un corps figé : kinésiophobie et limitation fonctionnelle pour les femmes avec le SDRC

La douleur est si intense, si constante, que la peur de la déclencher ou de l’aggraver est omniprésente. Cette kinésiophobie (peur du mouvement) est une peur paralysante et irrationnelle, mais tellement ancrée chez les femmes atteintes de SDRC. Elles n’osent plus bouger le membre affecté. Les articulations se raidissent inexorablement, la peau se tend, les muscles fondent (atrophie) à vue d’œil. La perte de fonction peut être rapide et sévère. Des gestes les plus simples – s’habiller seule, manger, marcher quelques pas dans leur propre maison, tenir un verre d’eau, prendre un objet – deviennent des défis immenses, voire un Everest infranchissable pour les femmes avec le SDRC. Chaque mouvement est une douleur, chaque tâche un obstacle insurmontable, et le jugement des autres, une douleur morale qui s’ajoute à l’enfer physique constant des femmes atteintes de SDRC. L’atrophie musculaire et les contractures peuvent devenir permanentes si la maladie n’est pas prise en charge à temps, menant à des déformations et une invalidité irréversible. L’algodystrophie entraîne souvent cette kinésiophobie, figeant le corps des femmes dans la douleur.


2. Le Psychisme Ravagé : La Douleur Invisible et ses Conséquences Psychologiques chez les Femmes Atteintes de SDRC

Le SDRC chez les femmes ne se limite pas aux souffrances physiques ; l’impact psychologique de cette douleur invisible est tout aussi dévastateur, voire plus, car il est constamment alimenté par le déni et l’incompréhension de l’entourage et du corps médical. Le fait d’être une femme amplifie cette dimension psychologique par des biais de genre qui remettent en question leur crédibilité et leur santé mentale.

2.1. Le piège de la « patiente difficile » et le doute de soi pour les femmes avec le SDRC

Depuis des siècles, la douleur des femmes a été minimisée, balayée d’un revers de main, ou réduite à des « problèmes de nerfs », à des crises d’hystérie, ou à de simples états d’âme jugés émotionnels et non physiologiques. Ce mépris historique et cette condescendance persistent et empoisonnent quotidiennement la vie des femmes atteintes de SDRC. Une femme qui insiste, qui revient sans cesse aux urgences ou chez son médecin, qui cherche désespérément des réponses face à une douleur qui ne part pas et que les examens ne montrent pas clairement, est trop souvent et trop rapidement étiquetée « anxieuse », « hypocondriaque » ou « dépressive ». Au lieu de chercher la cause physique du SDRC de manière approfondie et avec une réelle curiosité scientifique, on lui jette d’emblée des ordonnances d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, ou on lui propose des consultations psychiatriques, sous-entendant que « le problème est dans la tête ». « C’est dans votre tête, Madame, vous êtes trop nerveuse, détendez-vous, gérez votre stress ». Ces phrases ne sont pas de simples paroles ; ce sont des lames tranchantes qui s’enfoncent profondément dans leur psyché. Elles poussent ces femmes à douter d’elles-mêmes, de leur santé mentale, de leur propre perception de la réalité, de leur propre sanité. Elles se sentent devenir folles, alors qu’elles sont simplement malades, physiquement malades du SDRC. L’isolement est total : non seulement le corps hurle de douleur, mais l’esprit est aussi attaqué, miné par le soupçon, le discrédit et le déni de leur propre vécu. Elles sont niées dans leur corps ET dans leur tête. L’algodystrophie est souvent soumise à ces mêmes préjugés psychologiques.

2.2. Perte d’identité et deuil de l’avant pour les femmes atteintes de SDRC

Quand le corps vous trahit de la sorte, vous faisant souffrir en silence à cause du SDRC, et que le monde extérieur vous traite de folle, d’exagérée, ou de paresseuse, l’estime de soi s’effondre de manière spectaculaire. Ces femmes ne peuvent plus travailler, ni pratiquer leurs hobbies favoris, ni s’occuper de leurs enfants comme avant. Tout ce qui donnait un sens à leur vie, qui définissait qui elles étaient en tant qu’individus (leur métier, leurs passions, leur rôle familial), disparaît progressivement. Elles se sentent « inutiles », « un fardeau » pour leurs proches et pour la société. Le sentiment de ne plus être la personne qu’elles étaient avant le SDRC est une plaie ouverte et constamment ravivée par le regard inquisiteur, sceptique et dénué d’empathie des autres. La violence de cette perte d’identité est immense. Laurine, pianiste émérite, ne pouvait plus toucher un clavier sans hurler, la musique, sa passion et son identité, lui a été arrachée à cause du SDRC. C’est un deuil déchirant et profondément solitaire. Le deuil de la personne qu’elles étaient avant l’apparition du SDRC, des rêves, des projets, et des aspirations qu’elles nourrissaient pour l’avenir. Il faut réapprendre à vivre avec des limitations sévères et imprévisibles, à accepter un corps qui ne répond plus à leurs volontés, et une réalité où la douleur est omniprésente et insoutenable. Ce deuil est d’autant plus difficile qu’il n’est pas reconnu par l’entourage, qui ne « voit » pas ce qui a été perdu, ce qui a été arraché brutalement à leur existence. C’est un deuil invisible pour une souffrance invisible. C’est le vécu psychologique des femmes face à l’algodystrophie.

2.3. Troubles psychiques graves : anxiété, dépression et idées suicidaires pour les femmes avec le SDRC

La douleur constante et lancinante du SDRC, qui ne connaît ni trêve ni répit, l’incertitude totale de l’avenir (la maladie peut disparaître spontanément mais souvent sans préavis, ou s’aggraver subitement, se propager à d’autres membres), le manque cruel de validation de leur souffrance par le monde extérieur, la perte progressive et souvent irréversible de leur autonomie… tout cela déclenche une anxiété généralisée profonde, des crises de panique incontrôlables et des dépressions cliniques sévères chez les femmes, souvent accompagnées d’idées suicidaires persistantes. Le cerveau, constamment bombardé de signaux de douleur aberrants et confronté au rejet social et médical, subit des altérations neurologiques et fonctionnelles, notamment une réorganisation corticale anormale appelée « désintégration du schéma corporel ». Un cercle vicieux de douleur physique, de fatigue écrasante et de détresse psychologique s’installe, transformant la vie des femmes avec le SDRC en une lutte épuisante de chaque instant, sans espoir de répit ou de soulagement durable. C’est un combat psychologique quotidien pour les femmes atteintes de SDRC, aggravé par l’invisibilité de leur maladie. L’algodystrophie conduit souvent à ces mêmes troubles psychiques.


3. Les Conséquences Dévastatrices : Vie Sociale et Quotidien en Ruine pour les Femmes avec le SDRC

La douleur invisible du SDRC chez les femmes ne reste pas confinée au corps et à l’esprit ; elle se propage et détruit méthodiquement tous les aspects de leur vie sociale, professionnelle et quotidienne, les plongeant dans un isolement profond et une précarité accrue. L’algodystrophie est une maladie qui isole.

3.1. Solitude sociale et impact sur les relations des femmes atteintes de SDRC

Les invitations se font de plus en plus rares et finissent souvent par cesser complètement. Les amis s’éloignent, lassés de ne pas « voir » la maladie du SDRC, de l’absence de signes extérieurs évidents, ou de la fatigue constante qui empêche toute activité. La femme ne peut plus participer aux activités sociales (sorties, voyages, sports, soirées), perd ses cercles amicaux, et se retrouve de plus en plus isolée, enfermée chez elle par la douleur, la fatigue et la honte. La honte de ne pas être comprise et l’épuisement de devoir constamment se justifier contribuent à ce repli sur soi, à cet isolement auto-imposé. La douleur invisible liée au SDRC est un mur infranchissable entre elle et le monde, un mur qu’elle seule voit et ressent. Les sorties au restaurant, les après-midis shopping, les événements familiaux autrefois joyeux deviennent des épreuves impossibles, ou des sources d’extrême souffrance physique et morale. Le SDRC chez les femmes conduit souvent à cet isolement.

  • Impact sur le couple et la famille des femmes atteintes de SDRC. Le SDRC met les relations intimes et familiales à rude épreuve. Le conjoint voit une douleur qu’il ne comprend pas, des changements de comportement, la perte d’autonomie et de la joie de vivre de sa partenaire. Les rôles peuvent s’inverser, la patiente devenant dépendante physiquement et émotionnellement. Sans un soutien inconditionnel et une compréhension profonde de la nature de la douleur invisible liée au SDRC, les tensions, les incompréhensions et la fatigue émotionnelle des proches peuvent devenir insurmontables, menant à la rupture des couples les plus solides. Les enfants sont aussi affectés par la transformation de leur mère, par son indisponibilité, sa douleur visible ou non. C’est une souffrance partagée, mais le fardeau principal pèse sur celle qui endure la douleur et le regard de déni.

3.2. Perte d’emploi et précarité financière pour les femmes atteintes de SDRC

La douleur chronique incessante du SDRC, la fatigue écrasante, les limitations fonctionnelles sévères (impossibilité de rester debout longtemps, d’écrire, de taper à l’ordinateur, de manipuler des objets) rendent souvent le maintien en emploi, voire le simple accès au marché du travail, quasi impossible pour les femmes. De nombreuses femmes sont contraintes d’arrêter de travailler, plongeant dans la précarité financière et perdant une part essentielle de leur identité, de leur autonomie et de leur dignité. La reconnaissance du statut de personne handicapée est elle-même un parcours du combattant, ajoutant un stress immense et la frustration de devoir prouver un handicap qui ne se voit pas. Laurence, par exemple, a dû cesser son activité de conseillère de vente car le simple fait de se chausser et de rester debout plus de quelques minutes était une torture, lui ôtant toute possibilité de travailler à cause du SDRC. C’est une complication fréquente de l’algodystrophie.

3.3. Autonomie perdue et vie sous contrainte pour les femmes atteintes de SDRC

S’habiller, se laver, préparer un repas simple, faire sa toilette, se coiffer… des gestes anodins pour la plupart des gens deviennent des défis immenses, voire insurmontables pour les femmes atteintes de SDRC. Cette perte d’autonomie est profondément déshumanisante, forçant la femme à accepter une dépendance qu’elle n’aurait jamais imaginée ni désirée. L’aide nécessaire est souvent invisible aussi, mal interprétée par les autres comme de la fainéantise ou de la faiblesse. Cette dépendance forcée détruit leur dignité.

  • Troubles du sommeil pour les femmes avec le SDRC. La douleur du SDRC est un bourreau nocturne sans pitié. L’insomnie chronique, les réveils fréquents et douloureux dus aux élancements, aux brûlures, aux décharges électriques épuisent davantage la personne, créant un cercle vicieux où la fatigue extrême exacerbe la douleur. Le sommeil, censé réparer le corps et l’esprit, devient une prolongation de la torture diurne, sans que l’entourage ne puisse comprendre la raison de cette fatigue persistante et écrasante. C’est une conséquence courante de l’algodystrophie.
  • Vie sous contrainte pour les femmes atteintes de SDRC. Certains aliments, le stress, les changements climatiques (froid, humidité), une simple infection ou même une émotion forte… tout peut potentiellement aggraver les symptômes du SDRC, déclenchant des crises de douleur intenses. La vie des femmes devient une succession d’évitements, d’adaptations forcées, de privations constantes pour tenter de minimiser la douleur. Cela réduit considérablement le plaisir, la joie, la spontanéité, et renforce le sentiment d’être différente, seule, et prisonnière d’un corps qui la trahit. Les projets de voyages, de sorties, de moments simples entre amis ou en famille s’effondrent les uns après les autres, remplaçant la spontanéité par une planification rigoureuse pour tenter de minimiser les crises et la douleur, réduisant leur champ de vie à une zone de confort minuscule et douloureuse à cause du SDRC.

4. Briser le Mur : Espoir et Reconnaissance de la Douleur Invisible des Femmes face au SDRC

Face à cette horreur indicible, à cette douleur invisible qui dévore l’âme et le corps des femmes atteintes de SDRC (ou algodystrophie), une approche globale, profondément empathique, est non seulement souhaitable, mais absolument OBLIGATOIRE. Il ne s’agit pas de simplement « gérer les symptômes » de surface du SDRC, mais de restaurer la dignité, l’autonomie et la vie de ces femmes, en brisant le mur du silence, du déni et de l’incompréhension qui les emprisonne depuis trop longtemps. L’espoir doit renaître de la reconnaissance. Le SDRC chez les femmes est un enjeu majeur.

4.1. Sensibiliser et éduquer sur le SDRC et les femmes

  • Former les soignants au SDRC. Il est impératif de combler les lacunes massives et criantes sur le SDRC et la douleur chronique en général, avec un focus crucial sur les biais de genre qui affectent la prise en charge des femmes. Médecins généralistes, urgentistes, spécialistes (neurologues, rhumatologues, algologues, psychologues, ergothérapeutes, etc.)… TOUS les professionnels de santé doivent être formés de manière approfondie à reconnaître les signes subtils du SDRC, à écouter activement les patientes sans juger, et à croire leur souffrance sans avoir besoin de preuves visuelles immédiates. La clé fondamentale de la prise en charge réside dans l’empathie et la validation de la douleur. Il faut enseigner que l’absence de visibilité d’une maladie n’est PAS l’absence de souffrance. Des formations continues obligatoires sur les douleurs chroniques et les biais de genre sont indispensables pour faire évoluer les mentalités et les pratiques face au SDRC chez les femmes.
  • Éduquer le public sur le SDRC et les femmes. Il est vital d’éduquer et d’informer la société sur la réalité dévastatrice de la douleur invisible subie par les femmes atteintes de SDRC. Expliquer qu’une maladie n’a pas besoin d’être visible sur une radio ou une analyse sanguine pour être dévastatrice, pour anéantir une vie et plonger une personne dans un enfer quotidien. Des campagnes de sensibilisation fortes, percutantes, avec des témoignages poignants et authentiques de femmes atteintes, sont nécessaires pour humaniser la maladie et favoriser l’empathie et la compréhension du grand public. Rompre le silence qui entoure le SDRC, c’est le premier pas vers la reconnaissance et le respect de ces femmes. L’algodystrophie doit aussi être mieux connue.
  • Associations : bouées de sauvetage pour les femmes atteintes de SDRC. Les associations de patients, telles que l’Association SDRC Algodystrophie ou Algodystrophie France, sont des piliers fondamentaux et des bouées de sauvetage pour ces femmes. Elles offrent un soutien crucial (groupes de parole où les patientes se sentent ENFIN comprises, validées, et moins seules), des informations fiables, de l’aide administrative pour les démarches complexes, et un accompagnement précieux dans leur parcours avec le SDRC. Elles sont la voix de celles que personne d’autre n’entend. Elles sont souvent leur unique refuge face à l’enfer de l’isolement, permettant aux femmes de partager leurs stratégies de coping, leurs expériences, et de se sentir moins seules face à l’incompréhension généralisée.

4.2. Soigner corps et âme des femmes avec le SDRC

Le traitement du SDRC est complexe et doit être individualisé pour chaque patiente, coordonné au sein de centres spécialisés dans la douleur chronique (Centres d’Évaluation et de Traitement de la Douleur ou CETD). Cette approche multidisciplinaire doit viser à soulager la douleur physique, bien sûr, mais aussi à reconstruire la santé psychologique et la dignité de ces femmes, souvent anéanties par des années de déni et d’incompréhension médicale.

  • Gestion de la douleur multimodale du SDRC chez les femmes. Cela inclut l’utilisation de médicaments spécifiques pour la douleur neuropathique, des blocs nerveux sympathiques pour interrompre les signaux de douleur, des infiltrations, et des techniques de neuromodulation avancées (neurostimulation médullaire, stimulation des ganglions spinaux). Mais surtout, cette prise en charge pharmacologique doit être faite avec une reconnaissance totale et inconditionnelle de l’intensité de la douleur ressentie par la patiente, et non pas comme un simple « cache-misère » ou un palliatif temporaire. Les femmes méritent un traitement adapté à leur SDRC.
  • Rééducation fonctionnelle adaptée et douce pour les femmes atteintes de SDRC. La kinésithérapie et l’ergothérapie doivent être menées avec une extrême douceur, de manière progressive, et surtout, sans douleur. Des techniques innovantes comme la « Mirror Therapy » (thérapie miroir), où la patiente observe le mouvement du membre sain dans un miroir, créant l’illusion que le membre affecté bouge normalement, peuvent aider à « recâbler » le cerveau et à réduire l’allodynie et la douleur. La « Graded Motor Imagery » (imagerie motrice graduée) est une autre approche qui utilise des exercices mentaux progressifs pour réactiver le cortex moteur sans provoquer de douleur. L’objectif est de permettre un mouvement sans déclencher le supplice de la douleur pour les femmes avec le SDRC. Ces approches sont également valables pour l’algodystrophie.
  • Soutien psychologique et thérapies complémentaires pour les femmes avec le SDRC. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), la méditation de pleine conscience (mindfulness), l’hypnose, et le soutien psychologique individuel ou en groupe sont essentiels. Ils aident les patientes à développer des stratégies d’adaptation, à gérer l’anxiété et la dépression, à reconstruire leur estime de soi, et à vivre avec une maladie chronique complexe. Il ne s’agit pas de « soigner » la douleur par la psychologie, mais d’aider à gérer l’impact psychologique dévastateur d’une douleur physique incessante et niée. C’est un pilier fondamental pour les femmes atteintes de SDRC.
  • Recherche et innovation sur le SDRC et les femmes. Il est urgent d’intensifier la recherche fondamentale et clinique sur le SDRC, en particulier sur les biomarqueurs diagnostics, les mécanismes physiopathologiques, et les traitements ciblés et efficaces, y compris ceux qui prennent en compte les spécificités de genre. La découverte de biomarqueurs objectifs permettrait de mettre fin à l’errance diagnostique et à l’incrédulité à laquelle les patientes sont confrontées, validant enfin leur souffrance par des preuves scientifiques irréfutables. Les femmes atteintes de SDRC ne peuvent plus attendre. Cette recherche profitera aussi à la compréhension de l’algodystrophie.

En reconnaissant pleinement et sans réserve la douleur invisible des femmes atteintes de SDRC, en brisant le mur du silence et de l’incompréhension, nous pouvons non seulement améliorer leur qualité de vie de manière significative, mais aussi restaurer leur dignité et leur permettre de retrouver une place dans la société. Il est temps de voir ce qui n’est pas visible à l’œil nu, d’entendre ce qui est un cri silencieux, et de croire celles qui souffrent dans l’ombre.e.

Références Scientifiques

  1. Mayo Clinic. (s.d.). Complex regional pain syndrome – Symptoms & causes. Disponible sur : https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/crps-complex-regional-pain-syndrome/symptoms-causes/syc-20371151
  2. Publications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. (2014). Algorithme de prise en charge interdisciplinaire du syndrome de douleur régionale complexe (SDRC). Disponible sur : https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2014/14-947-03W.pdf
  3. Santé Mentale. (2025). Santé des femmes : stop aux biais sexistes !. Disponible sur : https://www.santementale.fr/2025/03/sante-des-femmes-stop-aux-biais-sexistes/

Ecrit parCorine Cliquet

Je suis Corine Cliquet, ancienne infirmière diplômée d'État, titulaire d’un D.U. d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP), coach santé et nutrition, praticienne en hypnose et mindfulness, et patiente ressource dans le cadre du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC).Forte de plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de la santé, j’ai choisi d’adopter une approche globale, humaine et profondément respectueuse du vécu de chacun. Mon parcours personnel et professionnel m’a naturellement menée à me spécialiser dans l’accompagnement des femmes atteintes de SDRC et vivant avec des douleurs chroniques.Aujourd’hui, je m’appuie sur mon expérience, mon vécu de patiente et mes outils d’accompagnement pour proposer une approche holistique. J’aide les femmes à mieux comprendre leur corps, à apprivoiser la douleur et le stress, et à retrouver un équilibre de vie malgré la maladie.Mon approche repose sur l’écoute active, la co-construction de solutions adaptées, et le respect du rythme de chacune. Parce que chaque parcours est unique, je crois profondément en la force des liens humains et en la capacité de chacun·e à redevenir acteur·rice de sa santé.

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